Comme pour les êtres humains, l’ADN éclaire aussi le passé de nos animaux, qu’ils soient sauvages ou de compagnie. Une étude récente a révélé que, bien que cachées dans l’ADN, leurs origines lointaines peuvent être retracées ; ainsi, chez près des deux tiers des races de chiens, on a exhumé un passé de loup.
UN LIEN GÉNÉTIQUE TOUJOURS ACTIF ENTRE CHIEN ET LOUP
Cette étude a été menée par une équipe du Muséum américain d’histoire naturelle et qui vient d’être publié dans la revue scientifique américaine PNAS. Elle a mis en lumière des croisements entre chiens et loups qui bien que très anciens se poursuivent aujourd’hui.
Ces unions se seraient produites bien après leur séparation évolutive, dans un passé plus proche qu’on ne le pensait. De quoi rebattre les cartes de la domestication.
Audrey Lin, principale autrice de l’étude, confie que cette découverte remet en cause une vieille croyance : “On pensait qu’un chien, pour en être un, ne devait plus avoir d’ADN de loup. En réalité, ce lien ne s’est jamais vraiment rompu.”
MÊME LE CHIHUAHUA A UN CÔTÉ SAUVAGE
Même le minuscule chihuahua, avec ses grands yeux et son air de peluche vivante, conserve une part infime mais mesurable de cet héritage ancestral : 0,2 %. Et cela ne surprendra sans doute pas les maîtres qui ont déjà vu leur petit compagnon grogner tel un prédateur miniature.

(Crédit photo Adobe stock)
Sans surprise, les chiens-loups comme le tchécoslovaque ou celui de Saarloos arrivent en tête avec jusqu’à 40 % d’ADN lupin. Mais des races plus inattendues figurent aussi au palmarès, comme le Grand Anglo-Français Tricolore (5 %) ou encore les lévriers afghans, aux allures nobles et mystérieuses.
LES CHIENS ERRANTS, PASSEURS D’HÉRITAGE SAUVAGE
Plus étonnant encore : tous les chiens errants, ces chiens libres qui vivent aux abords des villes ou dans les campagnes sans appartenir à personne, présentent des traces claires de croisement avec le loup. Pour les chercheurs, ce sont eux qui auraient maintenu le lien génétique entre les deux espèces, notamment dans des zones où les habitats des loups sont fragmentés par l’activité humaine. Des louves isolées auraient ainsi pu s’accoupler avec ces chiens semi-sauvages, perpétuant un patrimoine commun.
Mais ce lien n’est pas seulement génétique : il pourrait aussi influencer le comportement. En croisant les données ADN avec les descriptions comportementales des clubs canins, les chercheurs ont observé une tendance. Les chiens qui possèdent moins d’ADN de loup sont souvent décrits comme dociles, affectueux, faciles à éduquer. Ceux qui en ont davantage tendent à être perçus comme indépendants, méfiants envers les étrangers, ou plus solitaires. Des traits qui rappellent, sans surprise, leurs ancêtres.
UN HÉRITAGE UTILE POUR LA SURVIE
Autre révélation fascinante : certains gènes de loup ont permis aux chiens de s’adapter à des environnements extrêmes. Ainsi, plusieurs races tibétaines, comme le Lhassa Apso, possèdent un gène spécifique à la haute altitude, le fameux EPAS1, hérité du loup tibétain. Preuve que l’ADN lupin, loin d’être un fardeau, a parfois joué un rôle crucial dans la survie des chiens.
UN PASSÉ QUI NE S’EST JAMAIS ÉTEINT
Cette étude éclaire d’un jour nouveau notre relation millénaire avec le chien. Loin d’être une ligne droite, l’histoire de sa domestication ressemble plutôt à un aller-retour constant entre nature et culture, entre sauvagerie et proximité. Une frontière floue, vivante, où la science découvre encore des secrets. Et si, derrière chaque chien qui remue la queue, il restait encore un peu du hurlement du loup ? Pour ne rien manquer de l’actualité liée au phénomène OVNI, inscrivez-vous à la newsletter btlv.
François Deymier (rédaction btlv source science Presse – photo home page @btlv via adobe stock)









